Pourquoi Bébé pleure?

C'est sans doute l'une des premières épreuves de la parentalité mais qui n'a d'autre but que de mettre au travail la souplesse cognitive des parents (Dr David Haley, Canada).

Il a démontré que les cris du bébé provoque chez le parents une amplification du processus de "conflit cognitif". Ce processus est indispensable au contrôle et à la prise de décision. C'est très précisément ce "conflit cognitif parental" qui nous sauve! OUI!!! car nous apprenons grâce à lui à être plus souple et ainsi passer de la gestion de la détresse de bébé à l’exécution de passes taches quotidiennes.

Bon, ça c'est le coté positif, car ces pleurs sont sources de stress et de frustrations chez nombre de parents qui le vivent ou comme une attaque personnelle, ou comme l'aveu d'un échec (j'avoue que je suis plus concernée par le second cas). Car, oui, c'est bien un signal de détresse que l'on reçoit; et pour cause! c'est le seul signal que bébé peut envoyé au début de sa vie et l'état de sa vie psychique ne lui permet pas encore d'identifier ou de signifier ce qui se passe en lui: c'est pour cela que la moindre décharge sensorielle entraîne un signal d'alarme.

Il est quand même bien de noter que le "pourquoi il pleure?" nous préoccupe surtout les 5 premiers mois, après ça commence quand même à aller bien mieux; mais allons-y: Pourquoi bébé pleure?????

Surtout à la naissance, bébé dort beaucoup, presque autant qu'un chat (pourrait-on dire), moi je dirai plus!! A peu près 20h/24...

Il se réveille quand il a faim ou qu'il est bien trop souillé.

Des "signes" précèdent la survenue de ces pleurs... mais si bébé s'est mis à pleurer c'est qu'on ne les a pas perçus... Il pleure!

Les "Signes" en questions: bébé émerge doucement, tourne la tête et met ses adorables petites mains au niveau de son visage et surtout de sa bouche.

Si le sein ou le biberon ne lui est pas proposé à ce moment là, ces premiers signes vont se répéter en se renforçant jusqu'au signal d'alarme que sont les cris et les pleurs (c'est la famine!).

Bon, ben c'est trop tard, la première chose à faire c'est apaiser bébé avant de tenter de le nourrir: en effet, son besoin n'est plus tout à fait le même à ce moment précis, il est désormais désespéré de ne pas avoir reçu la satisfaction de son besoin. C'est pour cela qu'on s'occupe d'abord de son "désespoir", et lorsque celui-ci est moins "vif", on s’attelle à la tétée.

(douleur, température ressentie, trop serré, pas assez...)

Cela aura échappé à personne, à la maternité, ça rentre et ça sort comme d'un moulin dans cette chambre, ce qui dérange maman et bébé...1ère cause!

Toujours à la maternité, on vient te servir à manger même si bébé tête ou dort, ce qui peut aussi générer un certain inconfort.

Encore et toujours dans cette même chambre, on vient nous cueillir (dodo, tété...) pour le BAIN! Où comment un moment qui peut être agréable, devient source d'inconfort pour maman et bébé? En ne respectant pas la temporalité de ce duo en plein apprentissage et découverte mutuelle.

Dans la salle de nursing où se passe le bain, il n'est plus seulement avec maman: une foule est là! Il y a en général les puéricultrices (qui assistent les jeunes parents inexpérimentés et merci à elles), le pédiatre de temps à autre, d'autres parents, avec d'autres bébés!

Dans cet espace, il va perdre son enveloppe de tissus (body, pyjama, couche), affronter un contraste thermique, dans le brouhaha ambiant avant de le plonger dans une eau à 37°c (re contraste thermique) pendant quelques minutes, l'en sortir (à nouveau contraste thermique et perte d'enveloppe liquide de l'eau), se faire sécher, manipuler, habiller...

Une autre bonne raison de se sentir inconfortable: la désorientation de maman qui galère à le manipuler correctement en ayant peur de coincer sa tête magnifique, ses petits bras potelés, pire encore... de le faire glisser!

Donc, tu l'auras compris, l'inconfort corporel peut avoir diverses origines qu'il faut questionner: froid, chaud, douleur, position, mal-portage... Mais il y a également l'inconfort psychique qui peut être engendré par: l'envahissement sonore, des émotions ou des affects trop fortement ressentis par les adultes présents (surtout chez maman!)... En cause: l'absence de contenant psychique à la naissance (cf: concept du Moi-Peau de Didier Anzieu).

Alors, en général, les bébés s'endorment en fin de tété, et certains ne s'endormant pas, peuvent avoir du mal à trouver le sommeil...à ce qu'il parait.

Au début de sa vie, mon petit Fox était au prise avec le problème inverse: il dormait trop! Il s'endormait en début de tétée, et de fait, ne tétait pas assez. Le problème du "j'ai sommeil!" est apparu bien plus tard, vers ses 3 mois.

Quand cela se présentait, il avait une grosse décharge d'énergie avant de commencer à se frotter vivement le visage.

Alors celle-là m'a complètement déconcertée!

J'ai eu beaucoup de mal à cerner cette cause quand j’étais à la maternité, en plus, Fox est mon premier enfant, donc il m'apprend tout. Tous les soirs, au moment du changement d'équipe pour la nuit, il commençait à chouiner et pleurer. Il refusait le sein, était propre et se réveillait exprès pour cela!

J'ai longtemps chercher ce que je faisais de travers (car oui, tu l'as bien lu plus haut, j'ai la culpabilité facile), j'en étais même arrivée à avoir de l'appréhension dès que je voyait rougir le ciel par la fenêtre...

Il m'a fallu de nombreuses recherches et un passage par le site de l'OMS pour découvrir que ces pleurs étaient tout à fait normaux et finalement, une reviviscence de notre héritage humain de chasseur-cueilleur nomade.

Les pleurs du nourrisson garantissant à l'enfant de ne pas être "oublier" ou même "perdu" dans l'obscurité de la nature. Dans l'hypothèse où nos ancêtres auraient abandonné un nourrisson, les pleurs de ce derniers ont pour fonction de garantir la venue d'un nouveau groupe humain vers lui... et d'activer la magie de l'ocytocine chez les femmes de ce groupe.

Alors voila le scoop: bébé est déjà un être de relation (cf: haptonomie), donc non, mettre un enfant dans un transat ou un parc/lit, ce n'est pas ce dont a besoin bébé.

Le portage est l'un des besoins primaire du bébé, tant quant-à ses besoins physiologique que psycho-affectif, développemental et social!

Mise à part l’intérêt évident du HOLDING (cf: Donald Winicott), cela participe de l'attachement du bébé pour son donneur de soin (cf: théorie de l'attachement).

Par ailleurs, l'ordre naturel des choses est bel et bien de porter son bébé. En effet, selon le pédiatre Suédois Nils Bergamn (et les ethnologues), il existe 4 sortes de mammifères quant-à la façon de prendre en charge leurs petits:

• les cacheurs: cerfs, lapins... dont les bébé sont matures à la naissance;
• les suiveurs: vaches, girafes... qui sont également matures à la naissance;
• les nidificateurs: chiens, chats... dont les bébé naissent avec un besoin intense de chaleur
• les transporteurs: primates et marsupiaux comme les kangourous qui naissent complètement immatures.

Bref, tu l'auras compris: nous sommes des transporteurs et nos bébés ne naissent pas matures; de fait la "gestation" se poursuit littéralement en externe.

A leur naissance, les petits d'hommes naissent avec un cerveau mature à 50% et cela parce que l'évolution de l'homme a vu se développer la taille de son cerveau. Selon Mohrbacker et Kendall-Tackett "avec nos gros cerveaux et nos petits pelvis, la tête de nos bébés serait en danger si elle devenait trop grosse dans la région pelvienne des mères" et c'est en grande partie pour permettre la position bipède que le pelvis de l'Homme est si étroit.

Ils ont besoin d'être nourri tout au long de la journée, de recevoir de la chaleur, de sentir l'odeur maternelle, d'être soutenu physiquement et psychiquement. En effet, grâce à ce contact, l'enfant revis en quelque sorte l'expérience intra-utérine d'avoir ses besoins satisfaits mais d’apprendre le monde (bruit et sensations extérieures) tout en s'appuyant sur les éléments rassurants et protecteurs que sont la chaleur de la peau (ou du corps), l'odeur, le contact, les battements d'un cœur... Et tout cela construit progressivement sa capacité à "être" au monde et fonde des acquis qui ne le quitteront plus dans sa vie!

Cependant, la mise en "société" de l'animal Homme, et surtout sa sédentarisation, l'ont conduit à s'éloigner de sa nature profonde et celui-ci tend aujourd'hui à devenir un animal nidificateur. Pour mieux s'en rendre compte, il suffit de passer en revue tous les objets de puériculture crée pour "laisser" bébé dans un "nid": lit à barreaux, parcs, transats, couffins...

Et oui, c'est pas tout de le porter, le nourrir, le changer et tout le bazar, mais notre têtard a besoin d'un certain niveau de stimulation sensoriel pour poursuivre son développement, mais attention, pas n'importe quelle stimulation. Bébé découvre le monde et ce monde sensoriel est brutal pour lui, car plein de "trop plein". Bien souvent on en rajoute des couches à coup de jouets qui couinent, clignotent, sont multicolores, chantent... et donc par conséquence, des fois...

Bien sur, il faut bien évacuer d'une manière ou d'une autre le trop plein... et bébé ne sait pas encore se calmer tout seul. Et comme tout cela le "déborde" littéralement, il va pleurer (du coup ça sort!) et aura besoin d'un certain portage émotionnel pour parvenir à retrouver son calme.

Il n'y a pas que bébé dans l'histoire. Comme je l'ai écrit plus haut, bébé est un être de relation... avec son donneur de soin (donc bien souvent maman). Il suffit que ce dernier soit fatigué, déprimé, en colère, contrarié et j'en passe... et bébé vivra aussi fortement cet éprouvé que si c'était lui qui le vivait directement. Cela s'explique par le fait que bébé est dans une sorte de "gestation extérieure" et que cela se traduit sur le plan psycho-affectif par la Dyade du stade Oral.

Dans la continuité de ce que je viens d'écrire, puisque le bébé n'existe pour le moment que dans la Dyade, le fait qu'on puisse ne plus penser à lui alors qu'il est en relation directe avec le donneur de soin (genre dans les bras, ou au sein...) et il plonge dans une sorte de vécu de "non existence", et il faut bien avouer que c'est assez flippant si on essaie d'imaginer... C'est parce qu'on vient de le "lâcher psychiquement". C'est aussi pour cette raison qu'il est si important de sourire à un bébé, car le sourire est le premier mode de communication dirigée qui confirme qu'on le porte bien dans notre esprit.

Et bien oui!

Grâce à Priscilla Dustan et à Google qui offre à tout un chacun de la découvrir, tu vas apprendre qu'il existe des "pré-cris" universels. Si cela t’intéresse, tu peux approfondir cette méthode dans "Il pleure, que dit-il?".

J'avoue que pour ma part, je me suis contentée de ce qu'on trouve en ligne et qui est déjà fort utile:

• Nèh!: "j'ai faim"
• Aoh: "j'ai sommeil"
• Eh!: "j'ai besoin de roter"
• Eerh: "j'ai des gaz"
• Hêh et ses variations: "je suis inconfortable"
• Guèn: "j'ai mal aux dents"
• Lelaol: "Je me sens seul"
• Nah: "j'ai soif"
• Ouin: "j'en peux plus" (trop stimuler, douleur...)

D'autres part, des chercheurs de Valence ont identifié que la frustration, la peur, la colère ou tout autre cause psychique, entraînent des pleurs avec des yeux ouverts et que la douleur entraîne des pleurs avec yeux fermés.

J'avoue que je n'oublierai jamais les "nèh!" de mon petit Fox et surtout ses "nèh-nèh!" si jolies et si clairement prononcés <3. Mais nous nous sommes vite rendu compte que "nèh" ne se limitait pas à "manger", mais aussi à demander sa sucette et plus tard un truc à mâchouiller, quitte à ce que ce soit ma main!

Alors évidemment, il y aurait encore des tonnes de choses à écrire sur le sujet, mais j'espère que ce rapide petit tour d'horizon sur les pleurs de bébé t'aura apporté quelque chose!

Prochainement je ferai les petits "renvois d'information" vers d'autres articles pour préciser les notions que j'ai employé dans mes lignes: il sera alors possible de cliquer sur les liens directement dans le texte.

En attendant, prends bien soin de toi!